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  • Je me suis assis à la table de négociation… (3)

    …Et je me suis aperçu que je ne savais pas quoi négocier.

    Et c’est quoi « négocier » ?

    Négocier a le sens de ce travail entre deux ou plusieurs parties. L’échange est structuré et orienté par l’idée de parvenir à un accord, et / ou celle de résoudre un conflit.

    Serions-nous doubles ?  Doubles, non. Bien plus… Complexes.

    Nous sommes structurellement complexes.

    Cela n’aurait pas en soi beaucoup d’importance si nous ne mettions pas les différentes parties de nous-mêmes en rivalité, en conflit.

    Qu’est ce qui fait que nous faisons cela, mettre différentes parties de soi en rivalité ?

    Qu’est ce qui fait que nous sommes, le plus souvent, « en guerre avec nos entrailles » ?

    Très, trop souvent, nous nous vivons tiraillés par des sollicitations. Celles dont j’aimerais parler, sont celles qui logent au plus profond de nous-mêmes.

    Elles utilisent les véhicules de la mémoire, de l’émotion. Regrets, envies, ce qui nous habite en lien avec ce que nous pensons non-fini en nous, (« Ah ! j’aurais dû… »).

    Et tout ce qui vient de nos attentes insatisfaites, celles que nous considérons justes, ou celles que nous considérons comme des injustices qui nous sont faites. Il y a toutes ces circonstances où j’ai pensé que « l’autre », m’agressait. (Lui ai-je signalé que j’avais ce sentiment ?). Il y a ces circonstances où j’ai pensé ne pas être entendu, toutes ces circonstances, quelles qu’elles soient où je me suis senti insatisfait et où je trouvais l’origine de cette insatisfaction chez l’autre.

    Il y a tous ces moments où je pense que « c’était bien, c’était mieux » et… C’est fini !

    Chaque fois que je me sens tiraillé en moi-même, je suis absent du moment présent, de ce qui se passe réellement ; je suis dans le passé, où je suis dans le futur ; « la prochaine fois, je… ».

    Et puis tous ces scénarios où je construis ce futur à partir de mes frustrations passées ? De mes « manque à être » …

    Au cœur de mes tiraillements, j’ai la possibilité de m’arrêter, presqu’épuisé par cette guerre intérieure et observer ce qui se passe en moi.

    C’est quoi ce charivari ? c’est quoi ce mouvement qui tire à hue et à dia ?

    C’est quoi cette présence étouffante du doute qui empêche ?

    Oui, mais qui empêche quoi ?

    A bien y regarder, je pourrais bien me trouver face à cette situation où je constate que je ne sais pas où je désire aller.

    Parce que si je deviens le conducteur de ma vie, je deviens de fait responsable de celle-ci.

    Cela me rappelle une histoire que quelqu’un m’a raconté un jour :

    « Je conduis une voiture dont je viens de faire le plein.  J’ai de quoi faire presqu’un millier de kilomètres, mais…Pour aller où ? Le nord ? Le sud ? L’est, l’ouest ? Et si je décide d’aller vers le nord par exemple, Lille ? Hambourg ? Oslo ? Cap Nord ? Y a-t-il des stations-services pour refaire le plein ? Et je peux être ainsi tiraillé par de nombreuses questions qui n’ont pas de sens. Comme je ne peux décemment pas rester immobile, faire du sur-place, je peux, tourner autour de la station-service que je connais et passer le temps ainsi, dans la certitude que, si je n’ai presque plus d’essence, je sais parfaitement où en trouver ! »

    Ce qui peut paraître absurde, à bien y regarder, pourrait bien être très proche de ce que l’on vit.

    Alors, oui, il est possible, il est nécessaire de choisir, (si, si, choisir) une direction, une destination, et d’apprendre par l’expérience de la conduite et du déplacement dans cette direction que des stations-service, eh bien il y en a tout le long du chemin !  

    Pour résoudre un conflit, nous devons avoir l’idée de ce qui, en nous, fait unité. (Je suis…). C’est vraisemblablement un des premier point de la négociation, Nous devons choisir une direction en sachant qu’arrivé à Oslo par exemple, (pour y vivre quoi ? je peux décider d’aller ailleurs. Et surtout, nous devons avoir conscience de ce qui est : (quels sont les aspects de moi que je connais bien, sur lesquels je sais que je peux m’appuyer ?)

    Une négociation bien menée, entre les différentes parties de soi, qui toutes ont le droit d’être présentes (puisqu’elles sont), se devra de respecter chacune de ces parties, de leur donner une place, et c’est ce positionnement qui m’apprendra à remettre du mouvement en moi, et de la certitude.

    Si une situation requiert mes connaissances, ma force, la présence de l’homme ou de la femme que je suis, il n’est pas juste, vous en conviendrez, que je mette au premier plan de l’interaction l’enfant que j’étais, (le passé) qui ne pourra qu’éprouver de la peur ou de l’incompétence, ou le rêve de ce que je voudrais tant être (le futur), qui ne pourra être que non-crédible, sans fiabilité.

    Négocier sera accepter que tous les aspects de ce qui me constitue ne peuvent toujours être satisfaits, en même temps.

    Et juste là, il me vient ce début d’un texte bien connu, L’Ecclésiaste, « un temps pour tout »

    « Il y a temps pour tout, et chaque chose sous le ciel a son heure : »

    N’y aurait-il pas une direction à ce qui fait que nous pouvons être tiraillés au point de choisir par défaut l’immobilisme ?

    Allons, En route !      A bientôt

  • Reconnaissance de soi et sentiment de dignité

    Reconnaissance de soi et sentiment de dignité

    Salut

    Vous l’aurez compris, dans les échanges que je propose il sera très souvent question de soi-même, et peu des autres. L’orientation de cette démarche sera la décision d’aller vers la manifestation de qui nous sommes. Nous aurons pour ce chemin, à priori, à accepter ce qui a pu nous arriver et abandonner progressivement l’idée de rétribution.

    Il n’y a pas rétribution, ce qui a été a été.

    Et chacun (e) est là pour témoigner la traversée de ces difficultés surmontées.

    Alors,

    Se savoir digne; se sentir digne…

    Et ne plus attendre des autres, ou de la vie, les signes de reconnaissance de cette dignité, mais les accueillir quand ils arrivent. Et surtout s’attribuer à soi-même, la possibilité d’énoncer cette phrase:

    « Je me sens digne ».

    Ce matin, en pensant à cette page que j’écris dans la douceur de cette après-midi, il me venait à l’esprit que nous disons souvent qu’il est juste de se rappeler d’où l’on vient.

    Soit.

    Mais peut-être s’agit il plus encore d’accepter, de prendre ce qui fut notre passé dans une ouverture des bras et du coeur qui n’exclut rien de ce qui a été.

    En quelque sorte, accepter de faire sien l’ensemble de sa vie et à la fois, dans un même mouvement de la pensée et du coeur, reconnaître sa propre lumière. Ce n’est pas forcément facile.  

    Et aussi reconnaître sa propre ombre. Ce n’est pas forcément facile non-plus.

    Pouvoir, dans une auto-observation, les anciens parlaient d’examen de conscience, décider, oser, se pardonner à soi-même.

    Il n’y a là nulle complaisance. Il n’y a, selon moi, pas de plus grand courage.

    Il y a de la complaisance à rester dans les schémas auxquels on adhère par peur de l’inconnu.

    Il y a en nous la capacité humble de s’accepter tel que l’on est, s’accepter avec bienveillance.

    Comment être bienveillant avec les autres si l’on est incapable de l’être avec soi ?

    Cette question, chacun (e) devrait se la poser et pouvoir (re) considérer ce que l’on prend souvent pour de la bienveillance pour l’autre.

    Alors, il s’agit bien de cheminer et nous allons le faire en allant de là où nous voulons arriver pour remonter vers là d’où l’on est parti.

    « Quand on sait où l’on va, il est possible de regarder d’où l’on vient« .

    Il n’est pas aisé de considérer avec un regard bienveillant certains des actes que l’on a pu poser.

    Il y a en nous un juge souvent beaucoup plus sévère que les juges les plus sévères que l’on craint.

    Quand je me sais, me sens digne, je suis au-delà des jugements négatifs que je pouvais poser sur moi.

    Le sentiment de dignité que j’éprouve, quand il trouve son origine au cœur de mon être, me renvoie la certitude de mon unicité, de ma complétude. Je peux m’appuyer sur cette réalité intérieure.

    Sans complaisance. Mais avec la connaissance de la nature humaine qui m’habite.

    Que peut-on mettre sous ce vocable de dignité ?

    Je propose ces quelques points pour aller vers cette reconnaissance:

    -Reconnaître mes limites sans me soumettre et sans complaisance

     -Assumer pleinement ce en qui je suis aussi un être fini, vulnérable.

    -Cesser de me mentir et chercher à nourrir ma vérité.

     -Savoir par l’expérience ce qu’est la dignité de soi.

    -Agir en congruence.

    Alors, confiant en moi, en ce qui est, je vais me souvenir des étapes du chemin.

    Je vais les reconnaître pour pouvoir les accueillir au plus intime de moi, et cesser enfin la guerre que je me livrais à moi-même.

    Aujourd’hui, séparons-nous sur ces vers d’Antonio Machado dans « Proverbios y cantares »:

    « Ne soyez pas surpris, amis, que mon front soit ridé.

    Je vis en paix avec les hommes et en guerre avec mes entrailles ».

    Et si, chacun, chacune d’entre nous pensait, dans ces temps agités que nous vivons, à s’asseoir à la table de négociation pour la paix…intérieure ? A la prochaine !

  • Voyages et réflexions: Le chemin vers la dignité

    Salut!

    Quoi de plus évident pour démarrer ce blog que « Salut »?

    Il me semble d’ailleurs que je vais en faire le début de chaque post.

    C’est une façon de m’avancer et tendre la main à toi qui me lis, et, puisque tu me lis, je vais partager avec toi mon projet, et d’où il vient:

    Ce blog: « Du printemps vers Compostelle », a disparu dans les brumes de ma mémoire et celles aussi des textes postés dans l’immatériel des espaces informatiques. Il en est resté un livre au titre éponyme qui doit lui aussi être en voie de disparition.

    N’est-ce pas le lot de tout d’être de passage, de susciter peut-être un instant de regret et puis…Plus rien?

    Aujourd’hui, alors que je goûte de plus en plus le « tourisme mémoriel », l’envie de partage me visite à nouveau. Différemment, en marchant dans ma tête à présent.

    Quelquefois en traversant des contrées mornes, quelquefois des paysages riches de découvertes.

    Ce blog va se promener de thème en thème parmi ceux que j’ai exploré au cours de ma vie.

    J’ai accompagné des personnes pendant 50 années.

    Ces entretiens singuliers, passionnants toujours, m’ont amené à m’interroger sur ce qui nous traverse nous les êtres humains et ce que nous faisons de ce qui nous traverse.

    En clair, « comment je vis ma vie? » et surtout, surtout, « Quel sens je choisis de lui donner? »

    Il y a quelques semaines, je terminais une session de groupe avec la question:

    « Ais-je la sensation d’être une personne digne? »

    Se sentir « digne », est-ce un objectif dont l’atteinte participe à notre bonheur à être, à notre joie de vivre?

    Et la dignité, c’est quoi? Et s’indigner (Stephan Hessel « Indignez vous! ») c’est quoi?

    Alors, à toi qui me lis, je te dis que nous partirons du sentiment de dignité personnelle que nous définirons un tout petit peu.

    Et puis, tout en nous promenant, voir si ce sentiment, à la fois léger comme le vol d’un oiseau colibri et puissant comme le pas d’un félin, nous habite et comment nous pouvons trouver dans ce sentiment de dignité une manière de se tenir là où nous sommes et de là, participer à la grande vie qui est.

    Les étapes de ce chemin devraient pour le moins avoir une périodicité hebdomadaire et, s’il m’arrive de courir dans quelque descente, (quitte à tomber sur les genoux), eh bien, il y en aura plus.

    Comme une soirée au gite, ce blog est ouvert à la discussion entre celles et ceux qui seront là, au travers de leurs commentaires.

    Chacune et chacun ayant autant la parole que moi, qui ne suis, comme vous tous, rien d’autre qu’un voyageur.

    A bientôt pour parler de dignité.